OP24 : L'ACCORD DE PARIS A ENFIN UN MODE D’EMPLOI, MAIS SES AMBITIONS RESTENT INSUFFISANTES
Lors de la COP24 en Pologne, la communauté internationale a doté l'Accord de Paris d’un mode d’emploi qui le met réellement en application. Si les experts se réjouissent de cette avancée qui ancre l’Accord dans la réalité des États, ils regrettent que ces derniers n’aient pas revu à la hausse leurs ambitions climatiques. Lors de l'adoption finale du mode d'emploi de l'Accord de Paris lors
Alertés par les scientifiques du Giec sur les dangers d’un monde à +1,5°C et confrontés à un contexte géopolitique peu propice, les États, réunis à l’occasion de la COP24 à Katowice en Pologne, sont parvenus à mettre en place un ensemble de règles qui permettront d'appliquer l'Accord de Paris. Signé en 2015 en France, il vise à limiter le réchauffement climatique à 2°C, voire 1,5°C, en 2100.
Préparées pendant trois ans, ces négociations tendues ont donné naissance à un "mode d'emploi" d'une centaine de pages qui établit les modalités de suivi des actions nationales. Ce texte très technique impose une transparence de chaque état signataire pour mesurer la réalité de leurs engagements de réduction d’émissions de CO2. Une flexibilité a été accordée aux pays en voie de développement.
Ce manuel d'utilisation "est suffisamment clair pour rendre opérationnel l'Accord de Paris ", a commenté la ministre espagnole de l'Environnement Teresa Ribera. "L’adoption in extremis des règles de mise en œuvre de l’Accord de Paris permet au processus international de continuer, malgré les difficultés et les tentatives de certains pays de ralentir au maximum les progrès", juge Matthieu Orphelin, député LREM engagé sur le climate la COP24, son président Michal Kutyka a sauté de la tribune.
De son côté, Christiana Figueres, ex-secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations unies sur le climat et architecte de l’Accord de 2015, nuance ce succès : "Personne n’est totalement satisfait de ce livre de règles, mais c’est une étape importante. Les fondements des règles sont toujours l'Accord de Paris, qui reste aussi fort que jamais". Elle appelle à enregistrer de nouvelles ambitions lors de la COP25 qui aura lieu au Chili en partenariat avec le Costa Rica, en 2019. Ces deux pays pallient le retrait Brésilien de cette organisation.
Les ONG distillent le même message. Les États "ont fait des progrès, mais ce que nous avons vu en Pologne c'est un manque fondamental de compréhension de la crise actuelle", estime de son côté Manuel Pulgar-Vidal, du WWF. "Ce manque de réponse au rapport du Giec, c'est choquant", ajoute Jennifer Morgan, de Greenpeace. "Vous ne pouvez pas vous réunir après ça, et dire que vous ne pouvez pas faire plus !", lance-t-elle.